Comment faut-il mesurer son logement ?

Comment et pourquoi mesurer un logement ?

Qu’est-ce qu’une surface habitable ?

Nous savons tous utiliser un mètre ou un laser pour faire des mesures. Mais pour ce qui est de déterminer la surface habitable d’un logement, il est prudent de prendre les bonnes mesures. De même pour la surface privative Carrez en copropriété. La moindre erreur peut coûter très cher. Vous retrouverez ici des éléments de réflexion pour vous guider et éviter de comptabiliser indûment des surfaces.

Pourquoi faut-il mesurer son logement, sans erreur ?
Quelles sont les différences entre les différentes surfaces ?
Que dit la jurisprudence sur les mesures de surfaces habitables et privatives ?
Quelles sont les autres mesures de surfaces qui peuvent concerner le logement ?

La mesure d’un logement devrait être simple car elle est cadrée par la loi. Mais la jurisprudence démontre qu’il vaut mieux être prudent ! Voici donc trois questions essentielles :

Pourquoi faut-il mesurer son logement, sans se tromper ?

Le code de la construction Article R156-1 établit formellement qu’un logement neuf doit avoir une surface minimum de « 14 mètres carrés et de 33 mètres cubes au moins par habitant prévu lors de l’établissement du programme de construction pour les quatre premiers habitants et de 10 mètres carrés et 23 mètres cubes au moins par habitant supplémentaire au-delà du quatrième« . Le mesurage est donc un des critères qui déterminer de déterminer si un local peut être considéré comme un « logement » ; ce qui a un impact important sur la valeur du bien.

Que ce soit pour vendre ou pour louer un logement, la loi rend obligatoire la mesure précise des surfaces. En cas d’erreur, la loi prévois des sanctions. Par exemple, la loi n°89-462 du 6 juillet 1989 concernant les rapports locatifs prévois que « lorsque la surface habitable de la chose louée est inférieure de plus d’un vingtième à celle exprimée dans le contrat de location, le bailleur supporte, à la demande du locataire, une diminution du loyer proportionnelle à l’écart constaté« . De même pour les lots de copropriété, l’article 46 de la Loi n° 65-557 du 10 juillet 1965 fixant le statut de la copropriété des immeubles bâtis protège l’acquéreur en précisant que « Si la superficie est inférieure de plus d’un vingtième à celle exprimée dans l’acte, le vendeur, à la demande de l’acquéreur, supporte une diminution du prix proportionnelle à la moindre mesure« .

De quelles surfaces parle-t-on ? De la surface habitable (Shab ou Boutin) et de la surface privative (Carrez).

Logements concernés par la mesure de la surface habitable :

Tous les logements sont concernés par la surface habitable car elle est utilisée pour :

  • Etablir la valeur du bien, tant à la vente qu’à la location
  • Etablir le diagnostic de performance énergétique « DPE »
  • Définir si un local peut être considéré comme un logement décent

Logements concernés par la mesure de la surface privative :

Les logements situés en copropriété sont soumis en plus à la loi dite « Carrez » ; loi no 96-1107 du 18 décembre 1996 améliorant la protection des acquéreurs de lots de copropriété.

Cette loi oblige à déterminer la surface privative d’un bien immobilier car elle fixe au statut de la copropriété que « Toute promesse unilatérale de vente ou d’achat, tout contrat réalisant ou constatant la vente d’un lot ou d’une fraction de lot mentionne la superficie de la partie privative de ce lot ou de cette fraction de lot« . Cela permet de :

Mesurer son logement pour le louer

La mesure d’une maison ou d’un appartement en location doit respecter les prescriptions de la loi Boutin. La surface à louer doit apparaître dès le départ dans l’annonce immobilière. Cela s’impose depuis la loi du 6 juillet 1989 citée précédemment ou nous lisons à l’article 3 : « Le contrat de location précise : (…) 4° La consistance, la destination ainsi que la surface habitable de la chose louée, définie par le code de la construction et de l’habitation« . A cela s’ajoute l’Arrêté du 21 avril 2022 qui stipule : « Toute annonce émise par un non-professionnel relative à la mise en location d’un logement soumis à  doit, quel que soit le support utilisé, indiquer : (…) 8° La surface du bien loué exprimée en mètres carrés de surface habitable au sens de l’article R. 156-1 du code de la construction et de l’habitation« .

Pour avoir le droit de louer un logement, celui-ci doit être considéré comme « décent ». La décence d’un logement est définie par le Décret n°2002-120 du 30 janvier 2002. Ce décret précise entre autres que « Le logement dispose au moins d’une pièce principale ayant soit une surface habitable au moins égale à 9 mètres carrés et une hauteur sous plafond au moins égale à 2,20 mètres, soit un volume habitable au moins égal à 20 mètres cubes« .

Quelles sont les différences entre la surface habitable et la surface Carrez ?

Une première différence apparait dans les textes de la loi. Voici un tableau pour les comparer :

Globalement, la surface privative inclut plus d’espaces que la surface habitable. Voici un tableau récapitulatif. Mais attention, la jurisprudence implique justement la prudence… car chaque cas est particulier et la compréhension de chaque élément peut évoluer avec le temps.

La surface privative Carrez est mesurée dans les pièces « privée » mentionnée dans l’acte d’achat et le règlement de copropriété. En l’absence de preuve de propriété, la mesure n’a évidement aucune valeur.

Attention aussi : la surface « habitable » ne peut caractériser qu’un « logement » respectueux par ailleurs de la loi. Un « logement » doit être lumineux, chauffé, isolé thermiquement et phoniquement, alimenté en eau et électricité, pourvu d’aménagements pour la cuisine et le sanitaire… Tous ces critères d’habitabilité sont définis par plusieurs textes qu’il faut recouper (Code de la construction et de l’habitation, Code de la santé public, Règlement sanitaire départemental…). Par exemple, le RSD précise généralement que la hauteur sous plafond d’un logement ne peut être inférieure à 2,20 mètres ; si la hauteur est inférieure, le mesurage s’arrête là : le local n’est pas habitable, la Shab est donc nulle. De même pour tous ceux qui essaye de vendre des pseudo-logements situés en sous-sol : c’est interdit. En cas de doute, appelez-moi pour mener une expertise.

Notons enfin que le diagnostic DPE est basé sur une surface de référence qui inclue la Shab, mais en y apportant des exceptions. Le diagnostiqueur doit donc être extrêmement prudent en se référant constamment au Guide DPE Logements (extrait concernant le mesurage joint).

Types de surfaceHabitablePrivativeDPE 2021
BoutinCarrezRéférence
Murs, cloisons, marches et cage d’escalier, gaines, conduits
Parties de locaux < 1,80 m
Locaux sans aucune surface > 2,20 m
Habillage des parois = L’épaisseur d’un carrelage mural est à intégrer, à partir du moment où il correspond à un simple habillage, qu’il est donc amovible comme les plinthes et les lambris.+++
Embrasures de portes et de fenêtres
Lots séparés
WC commun = Pièce séparée des autres, mais dans le même bâtiment ; cuvette à l’anglaise ; chasse d’eau.
WC privé extérieur = Pièce séparée accessible via l’extérieur.+
WC privé = Pièce éventuellement séparée, mais accessible via l’intérieur du même bâtiment.+++
Lot ou fraction de lot inférieur à 8 m², non mitoyen et non regroupé avec d’autres lots pour former un logement complet++
Sous-sol
Sous-sol non aménagé (cave, garage, parking, cagibi, box…)
Sous-sol aménagé (usage principal d’occupation humaine), sauf en cave, garage et parking+
Sous-sol aménagé (usage principal d’occupation humaine, Ht > 1,80, présence d’un émetteur de chauffage, aménagement)++
Sous-sol aménagé (usage principal d’occupation humaine, Ht > 1,80, chauffage > 18°C, éclairage naturel suffisant (1/10ème de la Shab), aménagement électrique)+++
Dépendances
Espaces communs, même à usage exclusif
Dépendances isolées à l’extérieur : Buanderie, séchoir, cellier, débarra, remise, garage+
Dépendance indépendante aménagée (usage principal d’occupation humaine, Ht > 1,80, présence d’un émetteur de chauffage, aménagement)++
Dépendance indépendante aménagée (usage principal d’occupation humaine, Ht > 2,20, chauffage > 18°C, éclairage naturel suffisant (1/10ème de la Shab), aménagement électrique)+++
Dépendance à intérieur du logement, et pour le DPE, thermiquement isolé comme le reste du logement : Buanderie, cellier, débarra, réserve+++
Terrasse, jardin, balcon, loggia, séchoir extérieur, espaces non clos
Volumes vitrés
Véranda, balcon clos et couvert, ou loggia, privatif, fermé mais non chauffée+
Véranda ou loggia chauffée ou avec une communication permanente sur le logement++
Combles
Combles non aménageables, combles perdus
Combles aménageables, mais non aménagés, grenier, même s’il est chauffé, mais uniquement si présence d’un plancher+
Combles aménagés comme une pièce à vivre (usage principal d’occupation humaine, plancher praticable, absence d’entrave au passage, Ht > 1,80, présence d’un émetteur de chauffage, mobilier)++
Combles aménagés comme une pièce à vivre (usage principal d’occupation humaine, plancher praticable, absence d’entrave au passage, Ht > 1,80, chauffage > 18°C, éclairage naturel suffisant (1/10ème de la Shab), aménagement électrique)+++
Aménagements
Mezzanine avec une Ht > 1,80 m = fixe avec un véritable plancher, même si « sauvage ».+++
Placard Ht > 1,80 m = sans marche, non surélevé. Hors cloisons.+++
Partie de foyer de cheminée sous un conduit < 1,80 m
Partie de foyer de cheminée maçonné, hors banquette+
Cumulus placé à une hauteur < 1,80 m
Tableau de comparaison des surfaces habitables, carrez et DPE

Chacun peut réaliser ses propres mesures. Pour une question de responsabilité et donc d’assurance, je vous conseille fortement de faire appel à un professionnel.

Les informations présentées ici sont soumises en permanence à des évolutions de la loi (conseil d’Etat) et de la jurisprudence. La prudence s’impose donc et ce tableau n’a pas de valeur juridique.

Que dit la jurisprudence sur les mesures de surfaces habitables et privatives ?

Comment faut-il comprendre la loi ? Quelles sont les exceptions ? Voici quelques jugements qui vous permettront de mieux comprendre les risques encourus en cas d’erreur de mesurage.

Quelles sont les autres mesures de surfaces qui peuvent concerner le logement ?

Il existe bien d’autres méthodes et raisons de mesurer un logement. Voici une petite liste :

  • Surface thermique (Srt) : Cette surface a été utilisée uniquement pour les calculs de performance énergétique de la RT2012. La nouvelle réglementation, la RE2020, utilise maintenant la Shab.
  • Shon RT : Cette surface est utilisée uniquement pour les calculs de performance énergétique des bâtiments avec la méthode ThCEex, utilisée pour déterminer le niveau de performance BBC (Bâtiment Basse Consommation)
  • Surface de plancher : Cette surface utilisée par l’administration pour les permis de construire a remplacé la SHOB (surface hors d’œuvre brute) et la SHON (surface hors d’œuvre nette) en 2012. Elle est encore parfois abusivement utilisée pour décrire les logements en valorisant des surfaces quasi inexploitables.
  • Surface taxable : Cette surface ajoute les surfaces de stationnement à la surface de plancher.
  • Surface utile : Cette surface inclut 50% des annexes pour calculer des subventions ou des prêts.
  • Surface cadastrale : Surface du terrain ou assiette foncière telle qu’elle figure dans les documents cadastraux.

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