La méthode de diagnostic de la performance énergétique (DPE)

Le DPE affiche une étiquette de performance énergétique qui simplifie la comparaison des bâtiments. L’objectif est évidemment d’inciter les propriétaires à faire des travaux pour réduire le nombre de passoires thermiques. Pour cela, la méthode d’estimation de la consommation est dite « conventionnelle« . Cette méthode ne permet pas d’estimer la consommation « réelle » d’une famille. Explications…

Etat et consommateurs : des objectifs différents

Quand ils lisent les DPE, l’Etat et les consommateurs n’ont pas la même attente. De fait, une incompréhension est née et des polémiques font rage sur les réseaux sociaux.

Etiquette DPE

En mettant en place le DPE, l’Etat a répondu aux engagements pris lors des différents grenelles de l’environnement pour inciter les propriétaires à améliorer la performance énergétique de leurs bâtiments. Pour ce faire, le DPE classe les constructions sur une échelle de A à G. Selon le classement obtenu, des contraintes ont été votées, telles que l’interdiction stricte de louer.

Le DPE a pour principal objectif d’informer sur la performance énergétique d’un bâtiment.

Les consommateurs, déçus, s’attendent à voir s’afficher la future consommation de leur propre famille.

Les consommateurs doivent donc comprendre la méthode de calcul utilisée pour ne pas être déçus. Et pour avoir toutes les références réglementaires concernant le DPE, voyez le site officiel de l’Etat.

Si après la lecture de cette page il vous reste des questions, sachez que vous pouvez librement consulter une foire aux questions spécifique, gérée par l’Etat, sur le site internet de l’Observatoire du DPE, à cette adresse : https://observatoire-dpe.ademe.fr/faq.

La méthode de calcul conventionnelle du DPE

L’information communiquée par le DPE doit permettre de comparer objectivement les différents bâtiments entre eux. Alors forcément, il ne faut pas que des variables autres que la constitution intrinsèque du bâti entre dans le calcul.

Si nous prenons le cas d’une maison individuelle, sa consommation réelle ne sera pas la même si elle est occupée par une famille de 2 ou de 5 personnes. Selon son mode de vie, une famille se chauffe à 19°C alors qu’une autre préfère 21°C. Certaines consomment 100 litres d’eau à 45°C alors que d’autres en consomment 200 litres à 55°C. Certaines éclairent leur jardin pour faire joli, alors que d’autres éteignent méticuleusement les lumières à chaque changement de pièce. Certaines laissent des petits plats mijoter pendant des heures, alors que d’autres réchauffent des plats au micro-ondes…

La consommation réelle n’est pas du tout adaptée pour comparer les bâtiments entre eux.

La consommation réelle d’énergie d’un logement fluctue significativement selon la famille qui l’occupe. Afin d’avoir une information objective sur la qualité énergétique d’un bâtiment, il est indispensable de s’affranchir du comportement des occupants. Or, comme un voiture ne consomme rien si elle reste au garage, un bâtiment ne consomme rien s’il est inoccupé.

ANALOGIE AVEC LES VOITURES : Les constructeurs de voitures affichent des consommations de carburant généralement très basses, par exemple 4 litres d’essence pour 100 km. Qui arrive à tenir cette consommation ? Peu de conducteurs. Mais pour autant, personne n’irait attaquer le fabricant car chacun sait que la consommation du véhicule dépend pour beaucoup de la vitesse moyenne et du mode de conduite.

Or l’étude d’un bâtiment comporte beaucoup plus de variables que celle d’un véhicule construit en usine :

  • Les occupants ne sont pas toujours les mêmes et changent parfois d’avis sur la façon de chauffer, leurs périodes de vacances…
  • Le modèle de calcul et la marge d’erreur sont bien plus complexes que pour un moteur à essence ;
  • La consommation va dépendre bien plus de la rigueur du climat, du vent, de l’humidité…
  • Les défauts de mise en œuvre dans une construction ne sont pas facilement décelables, mais pourtant très impactants.

C’est la raison pour laquelle l’établissement du DPE se fait uniquement avec une méthode de calcul basée sur des consommations conventionnelles. La méthode sur facture a été justement abandonnée en 2022. La méthode conventionnelle s’appuie sur une utilisation standardisée du bâtiment pour des conditions climatiques moyennes du lieu. On imagine une famille modèle qui chauffe le logement à 19°C, qui chauffe son eau à 55°C, qui ouvre et ferme correctement ses volets tous les jours, qui a des horaires fixes et prend des vacances en pensant à éteindre le chauffage… Ensuite, on utilise toujours la même famille modèle pour établir la consommation de tous les logements français. Ainsi, la performance énergétique des logements devient comparable.

Les occupants imaginés sont considérés comme ayant des usages « conventionnels ». Les données sont donc figées et identiques pour tous les logements de France :

  • Les horaires d’occupation ;
  • Les périodes de vacances ;
  • La température de consigne ;
  • Les apports internes ;
  • La quantité d’eau chaude produite.

Evidemment, si la famille réelle a un comportement similaire à la famille imaginée par convention, alors la consommation du logement devrait correspondre à la consommation affichée… Et bien non. Malheureusement non. Voyons pourquoi…

Comparer le DPE à la consommation réelle

Il est IMPOSSIBLE de comparer l’étiquette du DPE avec la consommation réelle du foyer. Pourquoi ? Pour toutes les raisons suivantes :

  • Le DPE part du postulat que les équipements et les matériaux sont en parfait état, parfaitement bien installés et conformes à la théorie.
    • OR, la déperdition d’énergie d’une construction dépend autant de la qualité des matériaux employés que de la qualité de la mise en œuvre. Rien ne sert d’investir des milles et des cents dans une forte épaisseur d’isolant si celui-ci est posé n’importe comment.
    • Depuis l’apparition des mesures de l’étanchéité à l’air (ce que je réalise depuis 2009), il apparait évident que des logements peuvent être à la fois très isolées, mais rester des passoires thermiques. Imaginons un tuyau d’arrosage percé en deux endroits ; que ce passe-t-il si nous bouchon un seul trou ? L’eau va fuir plus fortement par le trou restant. De même, tout pendant que les logements conserveront des trous, la chaleur (un fluide) s’y engouffrera allègrement. Pour réduire correctement la consommation d’énergie, il ne faut pas se contenter de boucher un trou, il faut les traiter tous correctement. La qualité de la construction est donc primordiale, mais non prise en compte par le DPE.
    • Le diagnostiqueur, qui a déjà du mal à mesurer une épaisseur d’isolant, ne peut pas en estimer la qualité de mise en œuvre. Qui plus est, pour une même épaisseur, deux laines de verre peuvent avoir une performance très différente selon la référence choisie par le constructeur. Or, cette référence n’est visible que sur la facture d’achat.
    • Le bâtiment vieilli mal. Au fil du temps, les joints de porte et de fenêtre s’usent, les isolants fibreux se tassent, les joints de cloisons se décollent, la performance des chaudières diminue, la ventilation s’encrasse… S’il fallait estimer mathématiquement la consommation réelle d’une construction, il faudrait être capable de définir un coefficient de vétusté réaliste et admettre clairement que la consommation augmente avec le temps.
  • Le nombre d’occupants et leur comportement est estimé de manière conventionnelle dans le DPE, mais est forcément différent de chaque foyer français. Les scénarios d’occupation sont donc différents.
    • OR, le mode de vie des occupants a une grande incidence sur la consommation (températures de consigne, périodes d’absence, temps et nombre de douches, gestion de l’éclairage…).
  • Le DPE ne prend pas en compte l’électroménager et les autres équipements (informatique, mécanique…).

Il est donc quasiment impossible de prévoir exactement les consommations énergétiques réelles d’un bâtiment, car elles dépendantes de la qualité de la conception, des produits et équipements techniques, de la mise en œuvre des matériaux et matériels, de la vétusté, et des usages différents des utilisateurs. Pour y arriver, il faut réaliser un « audit », et encore, pas n’importe lequel, surtout pas l’audit « réglementaire » qui n’a pas non plus cet objectif ; voyez pourquoi ci-dessous.

Réaliser un audit de performance énergétique

Pour estimer mathématiquement la consommation réelle d’une famille dans un logement, il faut réaliser un audit. Deux méthodes coexistent :

Méthode réglementée par l’Etat

Pour réaliser l’audit énergétique « réglementaire », rendu obligatoire à compter du 1er avril 2023 pour les logements classés F et G, le technicien utilise le même logiciel qui a servi à réaliser le DPE. Il doit simplement ajouter des simulations de travaux permettant d’améliorer le classement de l’habitation, en une ou plusieurs étapes. Il contient :

  • L’estimation des économies d’énergie,
  • L’estimation du montant des travaux,
  • La mention des principales aides financières mobilisables.

Evidemment, cet audit n’est pas conçu pour estimer la consommation réelle et future d’une famille.

Méthode précise, mais non reconnue

Le technicien peut utiliser un logiciel qui lui permet de prendre en compte les usages spécifiques de la famille (consignes de température, périodes de vacances, nombre de douches ou de bains…). En retrouvant par calcul la consommation théorique qui correspond au réel, l’auditeur peut par la suite estimer aussi bien l’impact de travaux que l’impact d’un changement de comportement. Un audit, de mon point de vue, c’est comme une expertise : c’est la prise en compte de l’humain au centre du bâtiment.

Mais à qui et à quoi sert-il ? Cet audit ne sert uniquement QUE le famille qui a été auditionnée. Lors d’une transmission de la maison, l’audit deviendra inutile car il ne concernera plus les mêmes usages. L’audit de performance énergétique n’a donc qu’un objectif bien ciblé : faire comprendre à une famille donnée combien ses usages sont déterminants dans la consommation globale d’énergie. Il permet aussi de choisir des équipements mieux adaptés à telle ou telle famille, exactement comme on choisit une voiture : cela dépend des goûts et des usages.

Si le logement consomme beaucoup, ce n’est pas qu’à cause de la qualité de construction. Certains usages sont aussi très consommateurs. Par exemple, les gens qui obstruent les bouches de ventilation vont occasionner une surconsommation qu’on peut estimer entre 15 et 20%.

Compléments aux audits

L’audit restera toujours très théorique car il n’est pas possible de connaître exactement la performance thermique de toutes les parois d’une construction. Mais, la technologie progressant, il est tout de même possible de réaliser des mesures assez précises de la qualité de l’enveloppe. Par exemple, je propose à mes clients de vérifier la qualité de la mise en œuvre des isolants par thermographie, la qualité de l’étanchéité à l’air par infiltrométrie, et la performance de la ventilation par mesure des pressions et des taux d’humidité dans le logement.

Attention aux fausses analyses

En comparant le DPE avec l’AUDIT, on dira : « Voyez ce que consommerait ce logement avec une famille modèle » et « Voyez ce que consomme votre famille » ; « Vous pouvez diminuer vos consommations en faisant ceci ou cela…« . Mais tout cela est un vœu pieu. La réalité est tout autre. Plusieurs études ont démontré qu’à partir du moment ou un logement est rénové pour en améliorer la performance énergétique, les familles en profitent rapidement ensuite pour améliorer leur confort en chauffant davantage ! Du coup, la consommation réelle revient au point de départ. De plus, les travaux de rénovation sont généralement accompagnés d’extensions et de vérandas qui seront malheureusement souvent chauffées… et la maison finit par consommer plus qu’avant de réaliser les travaux. Pour approfondir ce sujet, lisez l’article de Marianne « À moyen terme, l’isolation des passoires thermiques est inefficace ».

Si vous voulez réaliser des économies d’énergie, et si vous voulez améliorer votre confort, ce n’est pas forcément incompatible… mais il faut jouer carte sur table et réaliser une expertise vraiment complète du logement.

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